Tanguy Auspert, Echevin du Patrimoine. Ville de Namur

L'Eglise St Jean : un lifting bien mérité


Comme tous les ans, la traditionnelle messe en wallon du lundi des fêtes de Wallonie se déroule à l’église Saint-Jean-Baptiste, place du Marché aux Légumes. Profitez-en, ce sera l’avant-dernière fois que cette messe incontournable se tiendra là avant une longue période de travaux de restauration.



C’est une église bien connue des namurois. Sans doute la plus populaire. Située au cœur du piétonnier namurois, place du Marché aux Légumes, les namurois sont attachés à cette église de par, entre autres, sa valeur patrimoniale exceptionnelle.

Sortie de terre au 13ème siècle en tant que chapelle, une nouvelle construction la remplacera au 16ème siècle. Les bas-côtés ont été ajoutés au 17ème siècle. Sa particularité ? Son architecture gothique originale et son clocher-tour atypique, presque indescriptible, composé de 4 formes superposées et terminant par une belle croix de fer forgé. La beauté architecturale des lieux conférera à l’église un classement en tant que monument en 1936.

Nécessité d’une restauration en profondeur
La voilà pourtant en bien mauvais état. Désigné en 2004 par la Fabrique d’Eglise, l’architecte Rouelle (de Ciney) a dressé l’état des lieux de l’édifice qui s’est rapidement avéré plus alarmant que prévu.
On note tout d’abord de gros problèmes de stabilité, que ce soit au niveau du flanc nord ou des annexes (sacristie, salle de réunion et baptistère). Par conséquent, le flanc nord se déforme, la lanterne de la chapelle sud s’affaisse, et le plafond de la sacristie s’effondre…
Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, les traces de vétusté sont aussi conséquentes. A l’extérieur, on remarque des pierres éclatées, déstabilisées, délogées, fendues, … Mais c’est à l’intérieur de l’édifice que l’état de délabrement se révèle plus explicite. Les surfaces enduites sont en mauvais état (cassures, fissures, décollements, …), tout comme les voûtes, le carrelage, les vitraux…
En outre, le système de chauffage nécessite d’être remplacé : en expulsant l’air chaud, celui-ci se condense au contact des parois froides des voûtes, ce qui fait que les peintures se craquellent et les enduits perdent leur cohésion.
L’installation électrique est totalement obsolète également. Les câbles ne sont plus isolés et l’ensemble ne répond plus ni à l’usage du lieu, ni aux règles élémentaires de sécurité.
Enfin, le réseau d’égouttage du jardinet a été mal conçu et parfois inexistant.

La stabilité avant tout
Sur proposition de l’Echevin en charge du Patrimoine et des Cultes Tanguy Auspert, et en concertation avec la Fabrique d’Eglise et l’architecte, le Collège s’est penché dernièrement sur un plan pluri-annuel d’investissements ainsi que sur le planning des travaux.
Les travaux se dérouleront en deux grandes parties qui se subdiviseront elles-mêmes en plusieurs phases. L’idée étant bien entendu de procéder chronologiquement en fonction du degré d’urgence.

Par ailleurs, il s’avère que deux études préalables sont nécessaires : l’une portant sur l’étude stratigraphique des décors, l’autre sur les vitraux. Le résultat de ces études préalables est nécessaire au dossier de restauration intérieure de l’église.
Une fois le certificat de patrimoine obtenu (la procédure est toujours en cours), il sera question de déposer le permis d’urbanisme début 2017. Les demandes de subvention, les études, l’élaboration du cahier des charges et l’attribution du marché devraient intervenir au cours de la même année. Les travaux démarreraient ainsi au cours de l’année 2018.

Fin des travaux à l’horizon… 2028
Nous l’aurons bien compris, une restauration de telle ampleur nécessite de nombreuses années de restauration. On estime à l’heure actuelle que les travaux devraient prendre 10 ans. La seconde partie devrait débuter en 2022 et concernera la restauration intérieure de l’église ainsi que les équipements en chauffage et électricité.
Cette fermeture longue reste toutefois nécessaire pour rendre à l’édifice son lustre d’antan.
Pas de panique néanmoins pour les paroissiens, ils pourront profiter des offices de l’église voisine – l’église Saint-Loup, classée Patrimoine Exceptionnel - desservis par l’abbé Yoka tout comme l’église Saint-Jean. Si ce n’est le cadre, ils ne devraient donc pas être trop dépaysés…


L'Eglise St Jean : un lifting bien mérité