Tanguy Auspert, Echevin du Patrimoine. Ville de Namur

Halle al Chair : fouilles archéologiques


19.02.2021 – Depuis que les archéologues de l'AWAP fouillent la Halle al’Chair, c’est tout un pan de l’histoire de la Ville qui ressurgit. La transformation de la bâtisse mosane en Office du Tourisme permet une mise en lumière de ses derniers secrets. Et ils sont nombreux.



L'AWAP, l'Agence Wallonne du Patrimoine, a déployé depuis janvier 2021, une équipe pluridisciplinaire. Marie Verbeek, et Marie-Laure Van Hove, archéologues, sont accompagnées d’une équipe pluridisciplinaire: historien de l’art, documentaliste, dessinateur, photographe 3D…

(infos recueillies par la RTBF et l'Avenir) (article payant)
L'objectif est double : comprendre pourquoi la Halle est là et comment elle a été construite, et comprendre ce qu’il y avait avant.

Du Moyen Âge…
Pour comprendre la place occupée par la Halle al’Chair dans l’histoire de la ville, il faut remonter au Moyen Âge. Avant que la bâtisse mosane ne voie le jour, il existait une autre halle, exactement au même en endroit: «Cette halle médiévale est citée dans les textes à partir du XIIIe siècle. Comme elle est en bois, on en a retrouvé très peu de vestiges. Mais on a quand même quelques traces des sols qui attestent de son existence» . À l’époque, les bouchers ne peuvent vendre leurs marchandises chez eux. Ils doivent le faire tous au même endroit, pour que l’État puisse réglementer le prix de la viande. Pas le choix, il faut se regrouper: la halle endosse ce rôle.
L’emplacement du lieu n’est évidemment pas anodin. Au Moyen Âge, toute activité est pensée en fonction de la nuisance qu’elle suscite. Ici, il faut réfléchir à l’évacuation des déchets. Avec la Sambre à proximité, l’emplacement est tout trouvé. Une praticité telle que rien n’a changé pendant des siècles.

…À la Renaissance
Rien n’a changé, si ce n’est le bâtiment en lui-même. Il prend son allure actuelle en 1589. Un an plus tôt, Philippe II, le fils de Charles Quint, décide de sa construction pour asseoir son autorité dans la ville. «On sait que les travaux débutent en mars 1588 et se termine en mars 1589. Il a donc fallu un an pour construire le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui: c’est extrêmement rapide.» La Halle se pare de belles briques rouges, de pierres de taille, et, surtout, diversifie ses fonctions. Un espace est toujours dédié à la découpe bouchère, mais d’autres salles donnent une importance différente au bâtiment. «À partir du XVIe siècle, on retrouve dans cette halle, une salle du poids. C’est ce qui donne la valeur monétaire d’une ville. On a donc là un bâtiment central pour l’économie namuroise» , explique Marie Verbeek.

Deux salles plus prestigieuses
Quand les fouilles du rez-de-chaussée (il faudrait plutôt dire rez-de-rivière) seront terminées, les archéologues grimperont au premier étage du bâtiment, celui qui est vraiment au niveau de la chaussée, dans l'actuelle rue du Pont. Ils s'intéresseront aux deux grandes salles du bâtiment, celles que connaissent les Namurois puisqu'elles abritaient les collections du musée d'archéologie depuis le milieu du 19e siècle.

"On possède beaucoup d'informations sur le bâtiment grâce à un texte de l'époque, une sorte de cahier des charges avant les travaux. Mais on ne sait pas exactement à quoi servaient ces deux salles. La Halle al'chair était un bâtiment public, dont la construction a été ordonnée sous Philippe II. La salle du 1er étage était peut-être encore dédiée à des fonctions commerciales, mais celle du 2e, assez somptueuse, devait avoir une fonction plus symbolique, plus protocolaire."

Au terme de sa rénovation, et après avoir peut-être dévoilé quelques-uns de ses derniers secrets, la Halle al'Chair abritera notamment l'Office du Tourisme de Namur.


Halle al Chair : fouilles archéologiques