Tanguy Auspert, Echevin du Patrimoine. Ville de Namur

Eglise St Jean : un colosse aux pieds d'argile


18-05-2017 – Le cahier des charges relatif à la première partie des travaux de l’église Saint-Jean a été approuvé au Conseil Communal de mai. La stabilisation de l’édifice est au cœur des préoccupations.



Située au cœur de la vieille Ville, place du Marché aux Légumes, l’église Saint-Jean Baptiste est l’une des plus vieilles églises namuroises. Datant du 13ème siècle, cet édifice catholique surprend de par son architecture gothique originale et son clocher atypique. Si les namurois connaissent si bien cette église, c’est avant tout grâce à l’événement incontournable qui s’y produit chaque année depuis le 16ème siècle : la messe en wallon des Fêtes de Wallonie.

Le temps ayant peu à peu laissé ses marques sur l’édifice, il s’avère désormais indispensable de procéder à un vaste chantier de restauration pour sauvegarder ce fleuron architectural d’ailleurs classé en tant que monument en 1936.

Etendue du projet
Désigné en 2004 par la Fabrique d’Eglise, l’architecte André Rouelle de Ciney a dressé un état des lieux de l’édifice qui s’est révélé plus alarmant que prévu.
Les problèmes de stabilité ont rapidement été pointés, que ce soit au niveau du flanc nord ou des annexes (sacristie, salle de réunion et baptistère). La déformation du flanc nord, l’affaissement de la lanterne de la chapelle sud, ou encore l’effondrement du plafond de la sacristie sont quelques-unes des conséquences visibles à l’œil nu.
L’édifice comporte également de nombreuses traces de vétusté. A l’extérieur, on remarque des pierres éclatées, déstabilisées, délogées, ou encore fendues. A l’intérieur de l’édifice, l’état de délabrement se révèle encore plus explicite. Les surfaces enduites sont en mauvais état (cassures, fissures, décollements, …), tout comme les voûtes, le carrelage, les vitraux…
En outre, le système de chauffage nécessite d’être remplacé : en expulsant l’air chaud, celui-ci se condense au contact des parois froides des voûtes, ce qui fait que les peintures se craquellent et que les enduits perdent leur cohésion.
L’installation électrique est également totalement obsolète. Les câbles ne sont plus isolés et l’ensemble ne répond plus ni à l’usage du lieu, ni aux règles élémentaires de sécurité.
Enfin, le réseau d’égouttage du jardinet a été mal conçu et s’avère même inexistant à certains endroits.

Des travaux échelonnés dans le temps
Sur la proposition de l’Echevin en charge du Patrimoine et des Cultes Tanguy Auspert et en concertation avec la Fabrique d’Eglise et l’architecte, le Collège s’est penché sur un plan pluri-annuel d’investissements ainsi que sur le planning des travaux. Ils devraient s’étaler de 2018 à 2028, les plus urgents étant bien entendu prioritaires.
La première a pour objet la stabilisation du bas-côté nord et des annexes, ainsi que l’aménagement des annexes et de la cour, et l’installation de l’électricité, du chauffage et des sanitaires.
Au vu de l’ampleur de cette entreprise, les travaux seront menés en deux phases. Au vu de la complexité des travaux, une subdivision des interventions en lots s’est révélée nécessaire.
Le premier lot, qui concerne la stabilité, le gros-œuvre, la charpente et la couverture, devrait s’étaler de 2018 à 2021 et est estimé à 580.000 € TVAC.
Le deuxième concerne les menuiseries intérieures et extérieures. Estimé à 56.000 € TVAC, la première partie de ces travaux sera exécutée en 2018, alors que l’autre devrait l’être en 2020.
Le troisième lot, enfin, concerne les techniques spéciales et est estimé à 70.500 € TVAC. La première partie sera également exécutée l’année prochaine, et la seconde devrait l’être en 2021.
Pour chacun de ces lots, la tranche devant être exécutée en 2018 est ferme, et les suivantes sont conditionnées quant à elles à une libération budgétaire annuelle.
Le cahier des charges ayant été approuvé au Conseil Communal, le marché devrait être attribué au mois de février 2018. Les premiers travaux commenceront ensuite à l’automne de cette même année et devraient s’étaler sur une durée d’environ 6 mois.
Estimée à 700.500 € TVAC, cette première phase de travaux devrait être subsidiée à hauteur de 230.000 € par la Région Wallonne.
Les travaux relatifs à la restauration des vitraux et décors, qui constituent la seconde phase de cette restauration, pourraient être amorcés en 2022 via l’approbation d’un second cahier des charges.

Une longue fermeture
S’échelonnant sur 10 années, cette rénovation de qualité rend hommage à son histoire de pierres et de lumière, d’hommes et de croyances, racine de toute une communauté que la Ville de Namur s’attache à transmettre aux générations futures.
Durant les travaux, les paroissiens seront invités à assister aux offices de l’église voisine, l’église Saint-Loup, desservis par l’abbé Yoka tout comme ce fut le cas à l’église Saint-Jean. Si ce n’est le cadre, ils ne devraient donc pas être trop dépaysés…


Eglise St Jean : un colosse aux pieds d'argile